Ouvert jusqu'à 21h le mardi

Comm. de Presse Me 01.06.2016

Without Restraint OEuvres d’art de femmes artistes mexicaines de la Daros Latinamerica Collection

Without Restraint rassemble dans une exposition commune inédite des oeuvres de femmes artistes mexicaines de la Daros Latinamerica Collection de Zurich, une collection unique en Europe, tant par sa qualité que par son ampleur. Sept artistes présentent au Kunstmuseum Bern leur univers de vie d’un point de vue résolument féminin, opposant leurs approches personnelles aux mouvances artistiques internationales.

Without Restraint réunit 35 oeuvres, des photographies, des vidéos, des objets et des installations d’artistes internationalement reconnues : Ximena Cuevas (née en 1963), Claudia Fernández (née en 1965), Teresa Margolles (née en 1963), Betsabeé Romero (née en 1963), Maruch Sántiz Gómez (née en 1975), Teresa Serrano (née en 1936) et Melanie Smith (née en 1965).

L’oeuvre polymorphe et provocatrice de ces artistes est emblématique de la création mexicaine des dernières décennies. L’exposition permet à la fois de développer un point de vue critique sur l’art produit par les femmes dans le Mexique contemporain et de le replacer dans son contexte. Ces femmes travaillent sur la notion de « mexicanidad » – l’identité nationale mexicaine. Elles remettent en question les fonctions et les espaces sociaux traditionnellement dévolus aux femmes et aux diverses minorités par les hiérarchies de pouvoir dominantes dans la société mexicaine. Usant de médiums divers, elles renversent l’ordre établi de leur vie quotidienne et bouleversent la routine qui enferme les femmes dans un labyrinthe d’archétypes conventionnels. Dans des styles variés, elles posent un regard critique sur les grandes thématiques de l’existence contemporaine : la vie et la mort, la violence, l’identité et les migrations, la nature et l’urbanité métropolitaine.

L’art des femmes au Mexique
Jusque dans la première moitié du XXe siècle, la plupart des institutions et académies artistiques étaient encore fermées aux femmes dans toute l’Amérique latine et les femmes qui voulaient exercer une activité artistique furent longtemps contraintes de se limiter à l’art populaire et aux objets d’artisanat, c’est-à-dire à des « hobbies » considérés comme compatibles avec le travail domestique. Les académies et les écoles d’art mexicaines, notamment les prestigieuses institutions San Carlos et La Esmeralda, restèrent jusque dans les années 1960 et 1970 prisonnières des idéaux du chauvinisme masculin et de l’esthétique patriarcale. Des thèmes tels que la sexualité féminine, la subjectivité et la vie quotidienne suscitaient les sourires méprisants de la majorité masculine dominante, quand ils n’étaient pas tout simplement interdits. Pourtant, quelques artistes éminemment talentueuses qui avaient pour nom Leonora Carrington, Maria Izquierdo, Tina Modotti, Remedios Varo ou Frida Kahlo – sans aucun doute la plus célèbre d’entre elles – se distinguèrent par leurs remarquables contributions à l’art moderne mexicain.

En Amérique latine et dans les communautés états-unienne, canadienne et européenne latino-américaines, l’art féministe ne fut reconnu comme tel que dans les années 1970 et 1980 grâce à des artistes et des collectifs qui se revendiquèrent ouvertement féministes. Le premier « grupo » explicitement féministe à s’être intéressé à des questions spécifiquement liées au genre, telles que la discrimination, la violence et la stéréotypisation de la fonction maternelle, fut le collectif Polvo de Gallina Negra (Poudre de la poule noire) fondé en 1983 par les artistes Maris Bustamante et Mónica Mayer.

Bien que durant les trente dernières années, les artistes femmes se soient vu offrir un nombre croissant de possibilités d’étudier, de travailler et d’exposer, consacrer une exposition personnelle ou thématique à l’art des femmes relève encore aujourd’hui au Mexique de l’exception, dans les musées comme dans les galeries. Les expositions qui se concentrent sur des thématiques féministes bénéficient en général d’une plus faible attention internationale. Le terme « féminisme » souffre depuis les années 1990, et ce jusqu’à aujourd’hui, de stigmatisation.

La majorité des artistes contemporaines ne souhaitent ni se voir elles-mêmes, ni voir leur art nécessairement qualifié de « féministe », ne serait-ce que pour éviter d’entrer dans la sphère d’influence de l’establishment et des préjugés institutionnels. Leurs oeuvres poursuivent cependant le même désir de renverser les stéréotypes associés à l’image de la femme, du groupe ethnique et de l’identité sexuelle, et elles s’affirment comme une protestation contre le patriarcat mexicain.

Les objectifs et l’organisation de l’exposition
Without Restraint donne la place qui lui revient et la parole à une minorité négligée par la scène artistique établie, tout comme elle s’attache à mettre à mal quelques-uns des stéréotypes sur lesquels repose l’image encore largement répandue en Europe, teintée d’un exotisme aussi excessif que présomptueux, d’une création féminine mexicaine « authentique ». Les oeuvres sont ordonnées dans l’exposition à la fois par artiste et par thème et sont réparties dans trois sections qui mettent l’accent sur la production active d’espace par les artistes et sur leur projet d’instaurer de nouveaux rapports sociaux et de briser les hiérarchies traditionnelles de pouvoir et de répartition des rôles homme/femme : 1) l’espace domestique ; 2) le corps féminin comme espace ; 3) l’espace urbain.

70 ans de relations diplomatiques entre la Suisse et le Mexique
Cette exposition est placée sous le patronage de Claudia Ruíz Massieu Salinas, ministre des Affaires étrangères du Mexique, et de Didier Burkhalter, conseiller fédéral et chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Elle se tient à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire des relations diplomatiques entre la Suisse et le Mexique et elle fut réalisée avec le soutien du Département fédéral des affaires étrangères et de l’ambassade du Mexique en Suisse. Without Restraint fut rendue possible grâce à la Fondation artEDU et à la Fondation Prof. Otto Beisheim et au soutien de donateurs privés anonymes. La Zurich Versicherungs-Gesellschaft AG en est le sponsor.

Commissaire : Dr. Valentina Locatelli

Contact 
Maria-Teresa Cano, Directrice communication et médiation de l'art, 
, T +41 31 359 01 89

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