Ouvert jusqu'à 21h le mardi

Expositions 02.11.2006 – 21.01.2007

Entre refoulement et désir de voir

Six Feet Under «Autopsie de notre rapport aux morts»

La violence et la mort sont des thèmes omniprésents dans les médias mais il n’en reste pas moins que notre société se garde d’avoir un contact direct avec les morts. Nous faisons tout pour chasser définitivement le cadavre de notre vue et le remplaçons par un nouveau jeu de rituels et de symboles qui nous servent à immortaliser l’existence humaine : la tête de mort est ainsi passée d’emblème sub-culturel à un accessoire de mode; la production de télévision américaine Six Feet Under qui met en scène la famille Fisher à la tête d’une entreprise funéraire à Pasadena est devenue en Europe une série culte qui connaît un succès étonnant.

Dans d’autres pays et civilisations, les humains entretiennent souvent avecles morts un rapport plus direct, compensé le plus souvent par un niveauélevé de ritualisation. On a eu et on continue à avoir recours à des formestoujours renouvelées de refoulement, de catharsis, de désymbolisation, demétaphorisation, d’invention de rituels de substitution, de neutralisation,d’humour noir pour nous sortir de l’embarras naturel dans lequel nous plongentl’idée de la mort et le corps du mort.La mort est un thème universel dans l’art. Deux extrêmes se dessinent dansl’art contemporain : soit l’art s’empare à nouveau du rituel qui a été déposé par la religion entre les mains de prestataires hautement qualifiésou des médias, leremet en scène ou l’élabore à sa façon. Certains artistes replacent le cadavre dont nous ne voulons pas dans notre champ visuel et nous démontrent souvent de manière très directe que (même) l’existence (matérielle) continue au-delà de la mort.

Six Feet Under réunit des oeuvres de la collection du Musée des Beaux-Arts de Berne provenant de différents siècles, des prêts d’autres institutions et d’artistes ainsi que des travaux conçus spécialement pour cette exposition. L’accent est mis toutefois sur l’art contemporain de différents continents et civilisations – d’Europe, d’Amérique, du Mexique, de Chine, du Japon, d’Indonésie, du Ghana. C’est ainsi que nous exposerons, en provenance d’Accra, une nouvelle série de cercueils personnalisés de Paa Joe. Les thématiques majeures de l’exposition concerneront des sépultures d’enfants (d’Albert Anker à Teresa Margolles), des têtes de morts (de Stefan Balkenhol à Com&Com), des cadavres (de Félix Vallotton à Andres Serrano), la mort de l’artiste (de Ferdinand von Rayski à Gianni Motti), des cercueils (de Ferdinand Hodler à Joe Scanlan), des rituels de mort (de Max Buri à Jean-Frédéric Schnyder), des morts aimés/vénérés (de Cuno Amiet à AA Bronson), mort et Lifestyle (de Martin Kippenberger à John Armleder). L’exposition sera complétée par un programme d’exposés publiés à partir du mois d’août sur le site web du Musée des Beaux-Arts et un programme de fi lms (cinéma du Musée des Beaux-Arts). Un catalogue où fi gureront les articles d’auteurs de renom paraîtra également.