Werner Witschi. Peintures et sculptures de la Collection

Bien que ses travaux aient été exposés dans les années cinquante et soixante par Arnold Rüdlinger et Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne et qu’il compte parmi les principaux sculpteurs en métal de Berne aux côtés de Luginbühl, Vögeli et Linck. Witschi occupait une position marginale sur la scène artistique, certainement aussi en raison de son activité d’enseignement. Après une brève période de formation artistique à Paris, auprès d’André Lhote, d’Amédée Ozenfant et de Roger Bissière, Witschi a travaillé depuis 1930 comme professeur à l’école secondaire de Bolligen, ensuite à partir de 1963 comme professeur de dessin à temps partiel à Berne et jusqu’à sa retraite en 1971, son activité artistique était restreinte au temps libre. Ce n’est qu’à partir de la fin des années quarante qu’il a exposé ses œuvres en public.

Jusqu’en 1950, Witschi se consacra exclusivement à la peinture et au graphisme. Son style, réaliste dans ses débuts, s’est fait dans les années quarante de plus en plus expressif et sombre: il a transposé ses sujets – des paysages et des personnages, souvent dans des situations de détresse – dans un langage linéaire simplifié à l’extrême et a réduit le coloris à des tons de terre, animés par quelques rares accents vifs. Witschi a parfois disséminé des pigments en poudre directement sur le support de blanc de titane encore humide pour obtenir une coloration homogène délicatement dégradée.

En 1950, Witschi, stimulé par l’art de Dubuffet, commence à expérimenter avec de nouveaux matériaux : des fils de fer, des ficelles et des morceaux de bois pour ‚dessiner’ ses personnages et ses têtes dans un style de plus en plus abstrait sur un support en tôle ou en bois. En 1952/53, les premiers personnages entièrement sculptés font apparition ; en 1953, il est le premier artiste à utiliser de la glace dans ses oeuvres. Witschi évolue continuellement de la figuration expressive vers un art constructif et abstrait et se met à explorer systématiquement les différentes possibilités de combinaisons de formes de plus en plus simples.

En 1966, Witschi intègre le mouvement à ses sculptures. Contrairement à la plupart des représentants de l’art cinétique qui se trouve à cette époque-là au faîte de sa gloire sur la scène internationale, il n’a pas recours à d’autres éléments techniques comme des moteurs mais conçoit ses œuvres cinétiques comme des balanciers mus par le vent ou la main de l’homme. En expérimentant les balanciers en forme de grillage, l’artiste découvre l’effet moiré. Par la notion de moirage, venant de l’art textile, les mathématiciens entendent un phénomène optique par la superposition de structures grillagées créant de nouveaux motifs surprenants en perpétuelle mouvance selon la mobilité des grilles. Le phénomène de moirage devient désormais un motif typique de l’œuvre de Witschi, il l’explore sous toutes ses formes et crée ainsi une combinaison personnelle d’art cinétique et d’Op Art.

Le Musée des Beaux-Art s de Berne a pu choisir dans le patrimoine de la Fondation Werner Witschi, créée en 1987 et dissoute en 2005, un groupe de 18 autres travaux de l’artiste pour compléter son fonds.