Ouvert jusqu'à 21h le mardi

Expositions 14.10.2016 – 30.04.2017

Présentation de la collection : L’autel disparu. Niklaus Manuel et le retable de l’église des Dominicains de Berne

Le Musée des Beaux-Arts de Berne entretient des liens particuliers avec l’église française actuelle. Son chœur accueillit en effet le premier Musée des Beaux-Arts Bernois à compter de 1849 avant que l’institution dispose de son propre bâtiment. D’autre part, la collection du Musée des Beaux-Arts de Berne possède trois panneaux du plus éminent peintre actif à Berne au début des temps modernes, Niklaus Manuel, dit Deutsch, et l’on suppose que ces panneaux, ainsi que deux autres conservés au Kunsthaus de Zurich et au Musée des Beaux-Arts de Bâle, faisaient partie du maître-autel de l’église. Les circonstances qui ont conduit à ce que la plus grande part de ces panneaux ait été préservée dans leur condition actuelle au Musée des Beaux-Arts de Berne sont intimement liées à l’histoire de la ville au début de l’époque moderne et à l’un des bouleversements culturels les plus dramatiques de l’histoire européenne.

L’appartenance des trois panneaux à un même retable d’autel ne fait plus aujourd’hui l’unanimité parmi les chercheurs. L’homogénéité des panneaux n’en demeure pas moins un sujet d’interrogation scientifique compte tenu du destin réservé à la série dans son ensemble, série qui occupe une place centrale dans l’exposition. Car la dispersion des différents éléments, un procédé pour le moins inhabituel, est liée à une réévaluation radicale des tableaux. C’est précisément sur ce processus de réévaluation, du retable d’autel à l’œuvre d’art, que se penche l’exposition.

A l’origine, les panneaux de Manuel n’étaient pas des œuvres d’art autonomes mais faisaient partie d’une sorte de « meuble sacré » destiné à remplir un certain nombre de fonctions au sein du culte chrétien. Si l’on en croit la reconstitution du retable du maître-autel de l’église des Dominicains, au moins l’une de ses faces, ainsi que toute la partie centrale qui comportait des figures sculptées, ont été perdues. Le reste a traversé le temps de façon plus ou moins fragmentaire. Les panneaux peints ont survécu, non pas comme outils visuels de la pratique de la foi catholique, mais comme œuvres d’art de Niklaus Manuel. Cette requalification leur a conféré le statut d’objets de la culture matérielle de l’Europe et c’est à ce titre qu’ils ont été préservés. Les panneaux ont en réalité été détachés du bloc de l’autel – aujourd’hui disparu –, ils ont été encadrés séparément, puis également vendus et conservés séparément. C’est en tant que chefs-d’œuvre majeurs de l’art bernois et de son plus illustre maître autour de 1500 qu’ils furent acquis par la Fondation Gottfried Keller et la Bourgeoisie de Berne pour le Musée des Beaux-Arts de Berne.