Dessinateur drôle et profond
Peter Radelfinger. «Tout le monde a un doigt bleu». Dessins et animations
Peter Radelfinger (né en 1953 à Berne) se concentre depuis les années 80 presque exclusivement sur le médium du dessin. Il a conquis une place singulière au sein de la création artistique contemporaine, ce qui lui a permis d’obtenir de nombreuses bourses et de recevoir de nombreux prix.
L’exposition au Musée des Beaux-Arts de Berne présente trois ensembles d’œuvres qui ont tous été commencés dans les années 2000.
Dans la série Endlich komm ich in den Zwitscherraum [Me voilà enfin au royaume du gazouillis] (env. 500 dessins au pinceau depuis 2000), des oiseaux et leurs cages sont représentés dans des variations et des métamorphoses variées et l’œuvre traite, sur un mode ambigu et humoristique, de thèmes eux-mêmes caractérisés par une certaine ambivalence : la protection et la captivité, la liberté et le contrôle, la communication et la mise en réseau.
La série Joke (env. 1200 dessins depuis 2003), composée de dessins au stylo bille d’exécution rapide, s’intéresse aux questions politiques de la communication et du contrôle mais aussi à la communication à son niveau le plus « ordinaire », dans la rencontre entre l’homme et la femme. Dans l’œuvre numérique Jokeanima (depuis 2005), qui est basée sur Joke, l’animation minimale de certains dessins réactive le médium du dessin de manière subtile.
L’ensemble Kissen [Coussins] (env. 400 dessins au crayon depuis 2001) s’intéresse à une des questions fondamentales du dessin, à savoir le rendu du pli, et au problème du dessin en général : « Comment la ligne forme-t-elle un objet ? » Parallèlement, l’œuvre affiche de multiples références à la peinture historique, de Dürer à Menzel.
Peter Radelfinger réussit avec les moyens les plus simples à créer des dessins pleins d’allusions qui savent tisser de manière drôle et profonde un monde où se croisent des thèmes d’actualité relatifs à l’individu et au politique dans nos sociétés. Les conditions de la perception et la réflexion sur l’essence du dessin, qui sont des questions essentielles pour l’artiste, sont présentes dans tous les travaux. Par son utilisation précise des technologies numériques les plus récentes comme par sa pratique des techniques les plus traditionnelles, Radelfinger contribue à l’actualisation du médium du dessin et participe de manière intéressante à la production artistique contemporaine.
